La fleur est présente dans de nombreuses œuvres de Valérie Belin (France, 1964), qu’elle soit sujet de premier plan (dans les séries Fleurs, 1998 ; Bouquets 2008) ou motif à sa surface (séries Black Eyed Susan I et II, 2010-2013 ou China Girls, 2018). Issue de sa série Bouquets, l’œuvre présentée ici est caractéristique de la signature de l’artiste française : le choix d’un traitement noir et blanc spécifique, proche du monochrome et d’une échelle plus grande que nature, monumentale.

Ce que l’artiste expose ici n’a finalement que peu à voir avec la fleur. Ni sa symbolique multiple, ni son élégance ne sont convoquées ici. L’objet d’exploration est ailleurs : dans la photographie elle-même, l’artiste se saisissant à plein main de la palette que lui offrent les choix de focale, d’éclairage, de cadrage et de degré de précision du rendu. Le bouquet prête alors ses fleurs, ses feuilles et leurs textures et découpes à l’artiste : c’est le corps du bouquet qu’elle vient révéler, ses lignes de tension, l’équilibre de ses masses, venant ici irradier la chair du cœur de la rose, là créer des ombres profondes, confondantes. S’attarder à la contemplation de ce corps photographique en apesanteur, c’est redécouvrir la photographie mise à nu.

Valérie Belin (1964) est diplômée de l’École des Beaux-arts de Versailles (1983-1985) et de l’École nationale supérieure d’art de Bourges (1985-1988). Son travail est exposé dans le monde entier et figure dans de très nombreuses collections publiques et privées. Elle est lauréate du prix Pictet en 2015 et expose la même année au MNAM – Centre Georges Pompidou.