Un sentiment véritable
Mathieu Bernard-Reymond
8 février – 10 mai 2025
« Appuyez sur le bouton, nous faisons le reste » disait déjà en 1888 le fameux slogan Kodak. Poussé par l’industrie, l’appareil photo est présenté très tôt à nos ancêtres comme cette machine miraculeuse à laquelle s’abandonner. C’est à l’heure où la photographie entre dans son ère numérique que l’artiste franco-suisse Mathieu Bernard-Reymond (1976) entre en photographie, au début des années 2000. L’ordinateur et ses logiciels dits de « traitement d’image » prennent place dans la chaîne de formation de l’image photographique, ouvrant la voie à ses altérations, subvertissant le règne du réel. Comment l’artiste, se demandait-on déjà, peut-il créer et raconter le monde, son monde, en compagnie de cette technologie de plus en plus bavarde ? Comment le peut-il encore, désormais qu’elle est intelligente ? Loin d’éluder la question, Mathieu Bernard-Reymond, n’a eu de cesse de converser avec l’outil numérique pour y développer sa langue mineure.
L’exposition Un sentiment véritable se concentre sur les cinq dernières années de création de l’artiste et s’attarde spécifiquement sur les séries qui ont un lien étroit avec le récit. Des bribes de souvenirs personnels à la littérature syncopée de Ramuz, les mots appellent des images, que l’artiste fait décanter dans son creuset algorithmique. Prises de vue, images générées artificiellement, images collectées s’y mêlent. À l’objectif de la perfection promise par un maniement docte de ces outils numériques, il préfère une exploration de leurs failles, pour immiscer, dans ce monde d’images pleines d’assurance et vides d’expériences, un peu du tremblement de nos destins humains.
L’exposition reçoit le soutien de la
Mathieu Bernard-Reymond est un photographe franco-suisse, né à Gap, en France, en 1976. Après des études de lettres, de sciences politiques et d’histoire de l’art, il se tourne vers la photographie à l’École de Vevey en Suisse.
Depuis lors, il s’engage dans l’exploration de nouvelles formes d’imagerie et des pratiques nouvelles introduites par l’ère numérique tout en restant attaché à une attitude qu’il définit comme photographique.
Bernard-Reymond perçoit son approche artistique comme un exercice poétique de la photographie, allié à un désir d’expérimentation. La création est vue par lui comme une méthode de découverte de vérités multiples.
Ses images manipulent le paysage, l’architecture et l’information comme des éléments d’un langage en constante évolution, élargi par les technologies génératives et la manipulation des données. Mathieu Bernard-Reymond enseigne les pratiques numériques au Centre d’enseignement professionnel de Vevey, en Suisse.
Parmi les prix reçus, on peut citer : le Prix HSBC en 2003, les Rencontres d’Arles en 2005, Paris Photo en 2006 et le Prix Arcimboldo en 2009. Ses œuvres font partie des collections du Musée Nicéphore Niepce en France, de Photo Élysée en Suisse, du Fonds national d’art contemporain français et du Fonds d’art contemporain de Lausanne.