Kim Boske (Pays-Bas, 1978) se rappelle qu’enfant, fascinée par les arbres, elle rêvait de pouvoir les appréhender dans leur entière majesté, d’un seul et même regard.

À défaut de disposer de l’outil qui lui permettrait ce spectacle total, elle en faisait le tour très vite pour tenter d’imprimer dans son esprit l’image la plus complète qu’elle puisse former, celle qui restituerait le plus justement l’expérience vécue. Devenue artiste, elle choisit à dessein la photographie pour s’essayer à la concrétisation de ce jeu d’enfant et faire image de la réalité bruissante et vivante de l’arbre. D’emblée, elle entreprend, non d’enregistrer le seul instant T comme la photographie sait faire, mais de retenir dans une même image une multitude de clichés, une succession de points de vue. Leur superposition déploie alors le temps long de la découverte d’un paysage et du cheminement de l’artiste en son sein.

Souvent entendue comme la reproduction de l’apparence du réel, la notion philosophique de mimèsis s’entend ici comme la dynamique, la relation active avec une réalité vivante. L’exposition présentée dans le cadre du Jardin des Plantes retrace, en une sélection d’œuvres clés de ses différentes séries, le parcours d’une artiste qui n’a eu de cesse de remettre en jeu la représentation de cette relation. C’est bien ce qui se murmure à la surface de l’image, le récit de l’expérience du regard face à la chose naturelle qu’elle aura choisie d’explorer – forêt du bout du monde, jardin du voisin, cascade sauvage ou bouquet sage. Dans ce voyage dans le temps, elle nous emmène jusqu’au Japon, son plus récent terrain d’expérimentation, où elle prolonge l’expérience en immergeant ses images-temps dans des bains d’indigo, nous invitant à regarder littéralement par-delà leur surface.

L’exposition reçoit le soutien du Royaume des Pays-Bas.