The Big Picture
Sophie Desrosiers x Lorenzo Vitturi x Natalia Bobadilla
MARDI 8 DÉCEMBRE 2020, 18H – 20H
TUESDAY DECEMBER 8, 2020, 6 – 8 PM – Paris time
Avec The Big Picture, le Centre photographique propose de prendre du recul sur le travail de l’auteur exposé, ici l’artiste italien Lorenzo Vitturi, pour le considérer dans ses grandes largeurs, en l’éclairant des lumières apportées par des personnalités issues d’autres champs disciplinaires.
Comment Sophie Desrosiers, anthropologue, spécialiste de l’histoire des textiles, regarde les étonnants métissages vénéto-péruviens de Lorenzo Vitturi ?
Que voit la chercheure en théories organisationnelles et exploratrice des tiers lieux Natalia Bobadilla dans ces allées des marchés de Londres et de Lagos, théâtres des installations de l’artiste ?
Deux conversations, en anglais, pour parler société.
Programme
18H – DURÉE : 45 MN
TOUT EST MÉ-TISSAGE
Sophie Desrosiers en conversation avec Lorenzo Vitturi
En réponse au titre de l’exposition de Lorenzo Vitturi – Nulla è puro –, l’intervention de Sophie Desrosiers, Tout est mé-tissage, propose une lecture des textiles très présents dans l’œuvre de l’artiste et, à travers ceux-ci, de sa tentative de faire dialoguer deux régions du monde dont sa vie est issue : le Pérou de sa mère et l’Italie de son père. Les tissus de laine et de coton des Andes y côtoient les soieries vénitiennes, le tout rehaussé de pièces en verre de Murano dont son père était venu initier la production au sud de Lima dans les années 1960. Les déserts des environs de Paracas et de Nasca, célèbres pour les textiles préhispaniques très raffinés qui en ont été extraits par les archéologues, servent de toiles de fond, neutres, à des sculptures composées de divers matériaux et artefacts et surtout de fils et de textiles de couleurs vives issus d’ateliers artisanaux locaux ou récupérés de productions industrielles. Ils contrastent avec les eaux de la lagune vénitienne plantées d’installations pour sécher les filets sur lesquels ont été posés, comme s’ils avaient toujours été là, quelques textiles locaux et beaucoup d’autres venus des Andes.
Le dialogue textile entre Andes et Europe occidentale s’est instauré il y aura bientôt cinq siècles et l’histoire se remet en route à chaque instant. Sophie Desrosiers essaiera de montrer comment les photos de Lorenzo Vitturi trouvent leur place dans ce dialogue interculturel de prime abord difficile tant les conceptions des étoffes étaient et sont encore différentes dans les Andes péruviennes et en Italie, tout spécialement à Venise.
Sophie Desrosiers est anthropologue et maîtresse de conférences honoraire à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) à Paris. Ses recherches portent sur l’histoire et l’anthropologie des textiles dans la longue durée, d’une part dans les Andes, d’autre part dans le vieux monde en se focalisant sur les soies. Elle a enquêté sur les pratiques actuelles de tissage dans diverses communautés des hautes terres de la Bolivie et du Pérou, et elle s’est intéressée aux soieries produites en Italie centrale et septentrionale à partir de la fin du XIIe siècle. Ces deux domaines des études textiles ne se recoupent pas sinon dans la façon de les aborder en insistant sur les matériaux, leurs qualités et leurs couleurs, et sur les processus techniques mis en œuvre pour les transformer, processus au travers desquels on peut évaluer certaines formes de pensée, expériences et sensibilités de leurs créateurs.
19H – DURÉE : 45 MN
LE MARCHÉ, UN TIERS-LIEU ? TRAVAIL, IDENTITÉS ET POLITIQUES
Natalia Bobadilla en conversation avec Lorenzo Vitturi
Les gens font les marchés, mais les marchés font aussi les gens. En tant que chercheure en théorie organisationnelle, les marchés constituent des objets d’étude particulièrement intéressants pour penser des dynamiques d’organisation et de travail complexes qui s’étendent à travers le temps et l’espace. Dans cette conversation avec Lorenzo Vitturi, l’idée est de s’interroger sur ce que sont réellement les marchés, physiquement, esthétiquement et conceptuellement. Peuvent-ils être considérés comme des tiers lieux ou des espaces libres? Comment l’art peut-il refléter les actions quotidiennes qui prennent place dans les marchés et exprimer la subjectivité et le dynamisme qui les informent?
Natalia Bobadilla est professeure assistante en stratégie et théorie des organisations à l’IAE de Rouen- Université de Rouen-Normandie-France. Ses recherches portent sur les mutations organisationnelles et leurs effets sur les individus, les équipes et les territoires urbains. Actuellement, elle coordonne un projet de recherche sur le travail dans des tiers lieux culturels et créatifs. Elle s’appuie sur des méthodes longitudinales, basées sur les processus, l’observation participative ou l’art pour explorer les dimensions temporelles, spatiales et esthétiques du changement. Natalia Bobadilla a contribué à des recherches collectives qui ont abouti à des publications dans diverses revues internationales et nationales.