MICHAEL WOLF
HONG KONG : INFORMAL SOLUTIONS
du 11 mars au 28 mai 2016
Quatre cents cintres
Cent vingt six bouteilles
Neuf cent soixante-treize tuyaux
Trois cent quinze gants
Soixante quinze bouches d’évacuation
Quatre vingt douze chaises
Mille deux cent cinquante deux bouts de ficelle
Cent soixante deux façades et autant de serpillères
Voici à quoi pourrait ressembler l’inventaire non exhaustif de la collection encyclopédique constituée par le photographe allemand Michael Wolf en quinze années de prises de vues et quelques centaines de back alleys arpentés.
Au cours des quinze dernières années, Michael Wolf (né en 1954) a développé une œuvre édifiante sur les grandes mégapoles de notre XXIe siècle et leurs usages. De Tokyo et Hong Kong à Chicago, en passant par Paris, Michael Wolf photographie la ville, son bâti et ses habitants. Au sein de ce tissu urbain dense, il cherche la présence indicielle, celle de l’homme affairé à jouer au golf derrière le store de sa tour de verre à Chicago, de ce couple pris par Google Street View en flagrant délit d’un baiser échangé dans les rues de Paris, ou encore des mains qui ont façonné cet assemblage hybride de bambous et parapluies au détour d’une ruelle de Hong Kong. Architecture et urbanisme sont ici examinés comme la peau d’un organisme vivant – la ville.
Avec cette première exposition institutionnelle française consacrée au photographe allemand, le Centre photographique met en lumière un pan essentiel de son œuvre à savoir : l’exploration menée depuis le début des années 2000 par Michael Wolf dans les rues de Hong Kong, ville où il a élu domicile. Aux grandes artères et ses architectures rutilantes, il préfère les petites ruelles et arrière-cours, et leurs constructions empiriques. Dans la lignée d’un Walker Evans qui a œuvré avec constance et tendresse pour la reconnaissance des formes vernaculaires, Michael Wolf s’attache à dresser minutieusement une cartographie souterraine de la ville, relevant quotidiennement ces petits arrangements informels qu’un regard attentif découvre aux détours des back alleys. Larges d’à peine quelques mètres, ces allées sont des voies où circulent quotidiennement les citoyens hongkongais, des lieux où prospère un langage visuel dont le vocabulaire est dicté par le fonctionnalisme et l’empirisme. Remplissant originellement le rôle de voies de dégagement pour les détritus, ces allées sont devenues des voies de communication pour le piéton, cherchant à contourner l’encombrement de la ville, et au-delà, le haut lieu de l’identité culturelle hongkongaise. Retournant parfois jusqu’à vingt fois sur le même lieu, le photographe pointe ces formes innocemment sculpturales, et dessine le visage d’une ville au travers de ses usages, car toujours derrière ces ready-made colorés se devine le geste d’un travailleur, d’un habitant, qui avec ingéniosité parvient à faire sien un territoire de béton, d’acier et de verre. Faisant se côtoyer façades monumentales et bouts de ficelle, ce corpus file la trame d’une ville où ingéniosité et poésie s’entremêlent.
Et si l’œuvre dresse une typologie, elle serait, à rebours, celle des respirations ménagées au cœur d’un corps plus souple qu’il n’y paraît. Et Michael Wolf de collectionner patiemment dans cette urbanité galopante des instants d’humanité.
Autour de l'exposition
VERNISSAGE
Jeudi 10 mars, à partir de 18h
En présence de Michael Wolf
CONFÉRENCE
Samedi 12 mars, 16h30
À la Maison de l’architecture, Rouen
Marc Feustel, curateur, écrivain et éditeur indépendant
VISITES COMMENTÉES
Samedis 19 mars et 30 avril, 15h
RALLYE PHOTOGRAPHIQUE
Dimanche 22 mai, 14h
RDV au Centre photographique