Vernissage

SCIENCE fictions

en présence des artistes

Vendredi 8 février, à partir de 18h

Évoquant la révolution copernicienne, l’astronome Camille Flammarion écrivait en 1891 dans son roman Uranie : « il a fallu de longs siècles d’études et une audacieuse témérité d’esprit pour arriver (…) à reconnaître que le monde où nous sommes est isolé dans l’espace, sans soutien d’aucune sorte, en mouvement rapide sur lui-même et autour du soleil. » L’homme n’étant plus la raison d’être de l’univers, que faire de ces immensités sidérales qui l’enveloppent ? Comment les penser ? Comment les représenter ? Et quel point d’ancrage l’homme, créature solitaire, peut-il désormais trouver ?

Notre époque est celle des développements technologiques, de ceux qui accroissent le potentiel de nouvelles découvertes. Elle est aussi, paradoxalement, celle de la résurgence des obscurantismes. Certains esprits œuvrent à démontrer l’existence du boson de Higgs quand d’autres s’échinent à propager des alternative facts. À la paresse et à la peur, le scientifique, comme l’artiste, oppose un objectif : comprendre et éprouver les réalités du monde et tenter de les représenter.
L’exposition SCIENCE fictions explore le phénomène d’attraction exercé par la science sur la création photographique contemporaine.

Rapidement considérée selon la formule de l’astronome Jules Janssen comme la «rétine du savant », la photographie, elle-même fruit de la science, devient l’outil de prédilection de la méthode scientifique, supplantant définitivement à la fin du XIXe siècle l’illustration. Dès les années 1920, envisagée sous le prisme surréaliste, la photographie scientifique jusqu’alors jugée impartiale et irréprochable va révéler son aura poétique. Si l’attraction des arts –et parmi eux de la photographie– pour la science n’est pas nouvelle, elle connaît ces dernières années un nouvel essor. L’exposition retient quelques-uns des travaux les plus récents sur le sujet, de l’approche documentaire et son potentiel poétique à l’exploration fictionnelle franche.

Ainsi le travail de Marina Gadonneix –mis ici en perspective historique avec les œuvres de Berenice Abbott, photographe américaine qui fut pionnière dans la mise en scène photographique de l’expérimentation scientifique– documente sans pourtant révéler au premier regard la nature de son sujet. Un parti pris documentaire qui est partagé par Jos Jansen, qui associe photographies prises en laboratoire et collectes d’imagerie scientifique pour mettre en forme son hommage à la recherche scientifique. Mustapha Azeroual développe des échos théoriques et formels entre l’aura de la lumière de l’astre solaire et celle utilisée par le photographe. Patrick Tosani, se remémorant une iconographie spatiale avec laquelle il a grandi, notamment celle des premiers pas sur la Lune, fait l’expérience dans son studio d’un univers de plâtre et de poussière dont la photographie vient explorer les dimensions. Brea Souders, plongeant également dans une matière autobiographique, nourrie des récits de son père scientifique, expérimente à la lumière rouge du laboratoire et propose son interprétation de concepts scientifiques tel que le trou de ver. Nicolas Polli, mimant l’esthétique des archives, donne vie par une reconstitution habile à sa propre mission spatiale. Enfin, Robert Frank, David Fathi et Jan Köchermann investissent la figure du scientifique et son aura, s’attachant chacun à une personnalité ayant existé : Robert Golka pour Frank, Wolfgang Pauli pour Fathi et Hubertus Frassek pour Köchermann, dont ils mettent en scène tant le doux ésotérisme que la folle ténacité.

L’exposition propose in fine de mettre au jour le parallèle entre la figure du scientifique, confronté à la nécessité de représenter ses objets d’étude au travers d’expérimentations en laboratoire, et celle du photographe, cherchant à faire image du monde, dans toutes ses dimensions, jusqu’aux plus imperceptibles. Chacun de ces travaux singuliers vient rappeler les insondables mystères que renferment ces immensités sidérales, et notre persévérance à vouloir les déchiffrer. La création artistique rejoint là la recherche scientifique, posant comme un principe fondamental la liberté de chercher, le désir de comprendre.

Avec les œuvres de Berenice Abbott, Mustapha Azeroual, David Fathi, Robert Frank, Marina Gadonneix, Jos Jansen, Jan Köchermann, Nicolas Polli, Brea Souders, Patrick Tosani

Et la collaboration des galeries Binôme (Paris), Les Douches la Galerie (Paris), Christophe Gaillard (Paris), Howard Greenberg (New York), Mathias Güntner (Hambourg), Fabienne Leclerc – IN SITU (Paris), The Museum of Fine Arts, Houston ainsi que du centre de recherche Deutsches Elektronen-Synchrotron (DESY, Hambourg).

L’exposition a reçu le soutien de Pro Helvetia et du Fonds Mondriaan.

 

 

Photographie : Berenice Abbott, Light Through Prism, Cambridge, Massachussetts, Documenting Science, 1958-1961.
Courtesy Les Douches, Paris & Howard Greenberg Gallery, New York

Entrée libre et gratuite
Informations :
au 02 35 89 36 96
ou info@centrephotographique.com